Véhicule d’occasion – Arnaques achat/vente – 1ère partie
L’achat d’un véhicule de seconde main peut s’avérer anxiogène. Une crainte justifiée, car les cas d’arnaques au compteur kilométrique se comptent par centaines de milliers. Or, cette tromperie si facile à réaliser n’est pas évidente à déceler.
Compteur kilométriques trafiqués :
Alors que les ventes de voitures d’occasion représentent plus du double de celles des véhicules neufs dans notre pays (2,6 fois plus exactement), ces transactions sont toujours perçues comme hasardeuses tant les cas d’escroqueries se multiplient. Et le vendeur comme l’acheteur peuvent en être victimes : fraude au chèque bancaire pour le premier, kilométrage trafiqué pour le second… L’Automobile club association (ACA) estime que le maquillage du compteur kilométrique concernerait 30 % à 50 % des opérations réalisées à l’échelle européenne.
JUSQU’À 10 000 € DE GAIN INDU PAR VOITURE
Alléger le nombre de kilomètres parcourus par une auto permet de la revendre plus cher que sa valeur réelle, ce qui explique pourquoi cette fraude est si répandue. Le bénéfice engrangé par celui qui la pratique atteint 3 000 € en moyenne. On constate régulièrement d’énormes modifications sur des véhicules d’outre-Rhin, certes, mais également d’Italie. Particularité de ces deux pays ? Le kilométrage moyen annuel est bien plus élevé qu’en France. À l’arrivée, le compteur d’une routière ou d’un gros SUV peut avoir été rajeuni de plus de 100 000 kilomètres. Sur un modèle proposé à 30 000 €, cela constitue alors un gain indu de 5 000 €, voire de 10 000 €.
DES CONSÉQUENCES SOURNOISES
On l’a dit d’entrée de jeu, les cas de triche au kilométrage se comptent par centaines de milliers.
S’il n’est pas plaisant d’apprendre que l’on s’est fait avoir en payant une occase plus cher que son vrai prix, d’autres mauvaises surprises attendent l’acquéreur floué. Car en croyant acheter une voiture avec 30 000 kilomètres au compteur alors qu’elle a roulé en réalité trois fois plus, on ne pensera pas à effectuer les opérations d’entretien qui s’imposent. Et plus on avance dans le temps, plus la révision devra être complète. De même, les gros frais de réparation interviennent à partir de 100 000 kilomètres : amortisseurs, disques de freins et, un peu plus tard, embrayage ; des interventions pour lesquelles il faudra débourser de quelques centaines à plusieurs milliers d’euros. Pour la victime, c’est la double peine, car le défaut d’entretien peut devenir dramatique.
L’ÉLECTRONIQUE FACILITE LA TRICHE
Désormais, les compteurs sont électroniques, et il suffit « seulement » de quelques minutes pour les manipuler à l’aide d’un petit boîtier. Ce dernier, branché sur la prise OBD (1), accède aux entrailles de la voiture et permet d’en modifier certaines données, notamment le kilométrage.
Si l’utilisation de cet appareil nécessite un peu d’expérience et quelques connaissances techniques, son achat est très facile. Pour preuve, une recherche sur Internet nous proposera des dizaines de revendeurs..
Il existe pourtant une solution qui fonctionne pour éviter, du moins limiter très fortement, ce type de fraude. Depuis plusieurs années, la Belgique a mis en place un dispositif baptisé Car-Pass. Ce document obligatoire, devant dater de moins de deux mois et payant (8,80 € – mais gratuit s’il comporte moins de quatre mesures), détaille le kilométrage du véhicule. Il est à remettre par le vendeur d’une voiture d’occasion à l’acheteur. Facile, dès lors, de vérifier que les chiffres suivent bien une évolution logique dans le temps. Si une baisse soudaine apparaît, cela signifie peut-être que le compteur a été maquillé.
Depuis janvier 2019, le ministère de l’Intérieur a mis en place la plateforme HistoVec (Histovec.interieur.gouv.fr/histovec/home).
Ce service public, gratuit et officiel, permet de consulter l’historique d’une voiture avant de l’acheter. Il donne des informations comme la date de sa première mise en circulation, les changements successifs de propriétaires, les éventuels sinistres ayant déclenché une procédure « véhicule à réparation contrôlée par un expert automobile », sa situation administrative ou ses caractéristiques techniques. En revanche, il n’indique pas le kilométrage. Une proposition de loi, si elle était adoptée, imposerait au vendeur de remettre à l’acheteur un certificat retraçant l’historique et les caractéristiques du véhicule « tel qu’établi auprès du registre national ». Les professionnels devraient renseigner ce listing pour toutes les autos passant entre leurs mains. Cette loi imposerait, par ailleurs, sous peine de nullité de la transaction, la signature d’un contrat type établi par l’État pour tout achat/vente de voiture d’occasion. Payante ou pas, cette solution serait effectivement souhaitable pour ralentir les trafics qui minent ce secteur.
Soyez très vigilent et contactez votre Association locale, AVANT de vendre ou d’acheter un véhicule d’occasion.